Ma grand-mère avait les mêmes
Il y avait ce petit restaurant,
nous y prenions si souvent le déjeuner qu'il était devenu notre cantine. Un endroit hors du temps, kitsch à souhait.
Sur les tables, les nappes à fleurs, vichy ou à pois et des verres de toutes les couleurs. Des chats en ardoise, porcelaine ou autre veillaient sur les convives.
Les chaises vides ne le restaient jamais longtemps et les tables se partageaient sans chichi.
L'un, était en cuisine tandis que l'autre, un torchon autour de la taille, nous parlaient de légumes du jardin, de fruit de saison et des étales du marché. Je le croyais sur paroles mais surtout au premier coup de fourchette.
La note était gourmande mais jamais salée.
Un jour l'un tomba malade... Puis on ne le revit plus.
L'autre perdit le goût des autres et le chemin de la cuisine.
Les rideaux du petit bistrot restèrent fermés. Les chats sur les corniches s'ennuyaient.
Puis d'autres sont venus...
Le bistro est tout pimpant en gris fille et rouge vermillon.
Nous y sommes retournées. La table est bonne mais l'un et l'autre nous manquent.